« Représenter le sport. Représentations, représentants et représentés »
SIXIEME CONGRÈS INTERNATIONAL DE LA SOCIÉTÉ DE SOCIOLOGIE DU SPORT DE LANGUE FRANÇAISE
« Représenter le sport. Représentations, représentants et représentés »
UNIVERSITÉ DE PARIS-OUEST NANTERRE
UFR-STAPS
Centre de Recherche sur le Sport & le Mouvement
(EA 2931)
Équipe Sciences Sociales & Sport
25-27 mai 2011
« Représenter le sport. Représentations, représentants et représentés »
Selon quelles conventions, à l’aide de quelles catégories les pratiques et les agents du sport sont-ils représentés ? A travers quels répertoires culturels et cognitifs les sports et les sportifs(ves) sont-ils perçu(e)s, ou se présentent-ils (elles) dans l’espace social ?
Les représentations collectives des sports changent sensiblement depuis les années cinquante dans diverses sphères de la vie sociale (éducation, santé, économie marchande, médias, politique). Les sports reçoivent une autre forme d’attention, suscitent des formes d’attachement inédites, bénéficient d’autres formes d’investissements. La transformation se marque aussi dans la sociologie du sport qui, dans les années soixante et soixante-dix, s’était constituée en France à travers une sociologie des loisirs (Dumazedier), de l’éducation et de la culture (Bourdieu), et qui, depuis quelques années, saisit également son objet à travers les catégories de la sociologie politique et de la sociologie du travail.
Les travaux actuels des sociologues et des anthropologues sur le sport abordent cet objet sous un angle longtemps négligé, celui du travail, faisant émerger une représentation du sportif comme travailleur. Certains agents portent eux-mêmes cette représentation de leur condition sociale et de leur statut.
L’homme ou la femme sportif(ve) ou exercé(e) est aussi pensé comme un être particulièrement actif, rationnel, pragmatique, exprimant sur un mode original, par son implication dans le monde social et dans des réseaux de sociabilité, une visée politique, au sens large du mot. Emerge la représentation du sportif comme citoyen (dont l’ancêtre est le gymnaste dans la République de la fin du XIX° siècle), et la représentation du sport comme espace où peuvent se construire une identité collective, une citoyenneté, un statut d’égalité dans les relations hommes-femmes ou étrangers-nationaux.
Sur d’autres scènes, le sport est perçu comme un bien de salut physique et moral, comme une hygiène de vie ou comme une thérapie, comme un support d’éducation, un lieu de formation de dispositions durables et transposables dans la vie future, et il fait l’objet d’investissements sociaux renouvelés. Le dispensateur de conseils de technique sportive et de forme tend à acquérir le statut de guide moral, voire de psychothérapeute.
Le sport représenté par les médias est un produit culturel en soi, le lieu de créations de mythologies, de paraboles sociales, d’histoires toujours renouvelées, qui entrent en résonance ou en contradiction avec d’autres formes de représentations du sport.
Enfin, le sport, ses pratiques et ses pratiquants, sont constitués en entités économiques, en biens susceptibles d’entrer dans des processus d’échange marchands, et d’être valorisés comme ressources, comme capital ou comme espace de transactions. Une sociologie économique, une anthropologie de l’échange et du don (bénévolat) avance sur ce terrain où les sports peuvent être rapprochés des jeux traditionnels et des pratiques « amateures » de naguère.
Le sport comme…
Comme d’autres objets, la pratique du sport est vue par analogie, métaphorisation, assimilation, comme un autre objet déjà constitué dans la vie sociale, le travail, le militantisme, la vie saine, la bonne éducation, la production de valeur marchande. La représentation est à la fois un objet déjà constitué dans les relations sociales que le chercheur observe, et le produit de l’activité de ces mêmes chercheurs en sciences sociales, qui en ont connaissance et s’en dégagent en construisant leurs propres catégories analytiques.
Les sessions de travail peuvent grouper des chercheurs engagés dans le même programme de recherche mettant en œuvre une même catégorisation des pratiques et des agents du sport : un atelier sur le sport en tant que travail, avec les questions soulevées par l’usage d’une sociologie du travail ; un atelier sur le sport comme action civique, et les questions induites par l’emploi d’une sociologie politique : ainsi de suite…
Représentants
Dans les processus de construction des représentations collectives attachées à la sphère du sport, le sport agi est saisi à travers des acteurs singuliers et remarquables. Il est perçu comme pratique incarné dans certains agents ; sportifs, champions, dirigeants, entraîneurs, managers, communicants, supporters, voire porteurs d’une vision savante (médecins du sport, psychologues, mécaniciens, sociologues, etc.), etc.
La genèse des catégories de perception profanes ou savantes du sport, la logique des jugements étayés sur ces catégories dans les relations sociales, le rôle des représentants dans le maniement des catégories de perception et l’expression des jugements, les luttes pour la représentativité et la légitimité de la représentation, la conquête de positions avantageuses dans l’espace des relations sociales, font l’objet d’enquêtes actuellement. Des ateliers sont à constituer sur ces thématiques.
D’autres sessions thématiques traiteront de problématiques classiques déjà abordées dans les précédents Congrès de la 3Slf.
Telles sont les questions qui feront l’objet de débats à l’occasion du 6e Congrès de la Société de Sociologie du Sport de Langue Française (3Slf). Il s’agit, sans doute, de programmes de recherche diversement développés, mais nous faisons le pari que les chercheurs pourront les présenter et en discuter de manière profitable.