Appel à contributions : Régulations professionnelles et organisations catégorielles
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La sociologie des professions et des groupes professionnels, tout comme celle des relations professionnelles, constituent des champs de recherche dynamiques aujourd’hui aussi bien empiriquement que théoriquement. Les groupes et les activités professionnels étudiés sont de plus en plus nombreux, tout en étant questionnés à partir de diverses entrées. Des processus de professionnalisation plus ou moins problématiques y sont analysés, des injonctions parfois contradictoires relevées, tandis que la relation entre new public management et professions s’avère plus ambivalente qu’il n’y paraît. Au-delà de ces débats, l’importance des savoirs professionnels est réactivée, nourrissant des propositions quant à la nature prudentielle des activités professionnelles ou à la nécessité de tenir compte du sens politique du travail. Les travaux sur l’engagement dans le travail, dans ou via les professions se sont développés en parallèle d’études empiriques sur l’engagement dans les organisations militantes, salariées ou patronales, sans que ces deux dimensions ne soient véritablement articulées.
Ce dossier thématique vise à penser conjointement les professions et les relations professionnelles afin de combler le constat d’un double angle mort : celui, dans la sociologie des professions, qui vient d’un oubli ou d’une mise au second plan du rôle et des pratiques des organisations collectives de salariés ou d’employeurs dans la régulation des professions ; et celui, dans la sociologie des relations professionnelles, qui résulte de la priorité accordée aux conflits et aux négociations, aux organisations ou aux militants, sans véritablement interroger leur lien avec les activités professionnelles concrètes.
Ce dossier thématique de terrains & travaux entend privilégier une entrée par les acteurs, institués ou non – organisations syndicales et patronales mais aussi associations, amicales ou groupes informels – qui pèsent, définissent, s’affrontent, et négocient autour de normes professionnelles cadrant l’activité et les pratiques de travail. Ces organisations catégorielles constituent des formes singulières de regroupement (selon des modalités variées : associative, confédérée, non confédérée, etc.) qui ne prétendent et ne visent à représenter, juridiquement ou pratiquement, que certaines catégories de travailleurs. Quelle est la place de ces structures dans la régulation professionnelle ? Quels sont leurs modes d’action ? Inversement, dans quelle mesure des régulations et des pratiques professionnelles échappent-elles aux organisations catégorielles, en bousculent les logiques ou en remettent en cause la légitimité ?
Loin des ordres professionnels chers aux sociologues des professions, et loin aussi des organisations interprofessionnelles centrales pour les sociologues des relations professionnelles, mais bien au croisement de ces deux champs, ce numéro thématique propose de réfléchir aux pratiques, rôles et fonctions qu’exercent ces groupements dans les communautés de travail, la production des normes professionnelles, la régulation des marchés, les activités de travail ou la structuration des carrières professionnelles. En quoi l’histoire de ces organisations est-elle un révélateur des transformations des activités, des identités ou des territoires professionnels ? Comment contribuent-elles aux régulations qui structurent les mondes professionnels ? Comment, par un cheminement symétrique, l’évolution de ces derniers et, en leur sein, des activités de travail transforme-t-elle les institutions et les organisations qui prétendent les représenter, défendre leurs intérêts, négocier en leur nom ?