Journée d’étude – Corps vulnérables, corps exposés, corps invisibles : le prisme des cultures publiques

Journée d’étude – Corps vulnérables, corps exposés, corps invisibles : le prisme des cultures publiques

Vendredi 19 janvier, à l’Université Jean Monnet, site Tréfilerie (venant de la gare SNCF, tram 3, arrêt campus Tréfilerie). Salle à définir – cf. site du centre max weber)

L’objet de cette journée d’étude est de rendre compte, au travers des objets très divers, de la manière dont le travail sur la notion de « cultures publiques » peut éclairer la production, l’exposition et/ou l’invisibilisation de corps considérés (politiquement, socialement, médiatiquement…) comme vulnérables, et nos rapports à ceux- ci. Les terrains proposés pour penser cela sont aussi variés que les corps dans les transports, dans les médias, le sport LGBT et paralympique, l’homosexualité dans des espaces publics naturels et le circuit festif gay, une association d’auto-support de personnes transgenres (fréquemment travailleuses du sexe) vivant avec le VIH, ou encore le féminicide au Mexique.


Programme complet :

Télécharger le programme au format pdf

– 9h15 Accueil
– 9h30 Introduction de Julie Thomas (organisatrice de la journée), MCF STAPS à l’UJM, équipe 4 « Cultures publiques » du Centre Max Weber (UMR 5283)

– 9h45 Intervention de Philippe Liotard, MCF HDR en STAPS à l’Université Lyon 1, laboratoire L-VIS

Corps exposés et corps vulnérables, une vision culturelle des différences
L’idée de cette intervention consiste à penser la manière dont les corps vulnérables, exposés (au sens deconfrontés) à un certain nombre de risques, paupérisés, stigmatisés, sont exposés (au sens de mis en scène) dans les médias et comment ils servent d’outil de communication aux ONG en quête de financements (dans une sorte de rhétorique immédiate, liée à l’image). En partant de la métaphore de « l’école des mendiants », d’Albert Cossery, nous discuterons comment l’exposition ou au contraire l’effacement des corps vulnérables rend compte de notre rapport à l’autre et à notre propre identité.

– 10h30 Intervention de Céline Belledent, postdoctorante, UJM, CMW

Des corps dans les transports communs
Dans ses travaux les plus récents, la philosophe Judith Butler propose de laisser de côté l’étude des corps marginalisés – rendus vulnérables, pour chercher plutôt à repenser les conditions de tous et toutes face à la vulnérabilité de certain-es. Sara Ahmed, une autre philosophe réfléchit elle à la production des corps par les émotions qui les traversent et par les contacts qui les impriment. Cette intervention invitera à réfléchir ces philosophies sur le terrain du train Saint-Étienne/Lyon pour interroger les conditions sociales et matérielles de déplacement des corps dans les transports en commun. Le terme de transport doit aussi être compris dans son sens plus ancien d’émotions fortes. Il s’agira de décrire les mouvements de ces transports et les impressions qu’ils laissent sur les corps et l’espace social qu’ils occupent. Comment le corps est compris comme vulnérable ou objet de mise à distance ? Comment le corps vulnérable fait-il son apparition ? Comment les politiques publiques des transports incitent mouvements, distances et contacts aux corps ?

– 11h15 : discussion sur les deux présentations
– 11h45-13h15 Pause-déjeuner

– 13h15 Intervention de Sylvain Ferez, MCF HDR en STAPS à l’Université de Montpellier, laboratoire SANTESIH

Étendre le champ culturel des possibles : enjeux liés à l’expression publique et à la mise en scène des pratiques sportives
En s’appuyant principalement sur des travaux menés sur le sport LGBT et sur le sport paralympique, cette communication interrogera les mobilisations sportives de groupes dits « minoritaires » comme des manifestions dans l’espace public d’une « lutte pour la reconnaissance » (Honneth, 1992) visant avant tout des effets culturels. Les formes sportives que prend ici l’expression de la « fierté culturelle » seront ainsi conçues à la fois comme une réponse active à l’expérience du mépris et comme un appel à la justice (Rawls, 1971). Pour ceux qui les produisent, ne s’agit-il pas avant tout de rétablir un sentiment de justice ? Les éléments apportés serviront, dans un second temps, à questionner la notion de « cultures publiques », notamment au regard de la nécessité d’échapper à l’opposition entre tenants du multiculturalisme et ceux de l’universalisme. Ce sera l’occasion d’éclairer sous un angle neuf certains enjeux de la montée du modèle social du handicap et de l’idéal d’une société inclusive.
Intervention (30-40 min)

– 14h00 Intervention de Laurent Gaissad, docteur, maître-assistant associé à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris Val de Seine

La fabrique des identités problématiques : cultures et sexualités publiques au temps du sida
Détours par des enquêtes menées ces vingt dernières années, notamment : un travail de doctorat (« Une forme notoire de sexualité secrète : chronique territoriale du désir entre hommes dans le sud de la France », sous la direction d’Alain Tarrius) portant sur les formes d’appropriation sexuelle des espaces naturels et le rôle des acteurs publics à leur égard ; un post-doctorat de l’Université de Bruxelles consistant en une ethnographie du circuit festif gay européen s’intéressant au déplacement identitaire des hommes gais, et à la maximalisation de leurs échanges, notamment sexuels, par la circulation et l’usage de psychotropes, rompant avec la normalisation psychologique et médicale au temps du sida ; une recherche financée par Sidaction sur « La construction de la compulsivité sexuelle, des addictions et des risques multiples chez les homosexuels masculins » ; et un travail de recherche-action avec l’association ACCEPTESS-T d’auto-support de personnes transgenres vivant avec le VIH en Ile de France, dans un contexte marqué simultanément par l’expérience de la migration, de la prostitution, de la transidentité, du VIH et des discriminations multiples associées.

– 14h45 Intervention de Marylène Lapalus, doctorante en sociologie à l’Université Lyon 2, équipe 2 « Dynamiques de la vie privée et des institutions » du CMW

Des espaces périphériques au centre : voir le féminicide dans la capitale du Mexique
Si le concept de féminicide émerge historiquement au Mexique dans le contexte frontalier de Ciudad Juárez avant d’être mobilisé dans plusieurs états du pays, il est très difficile en revanche pour les actrices de la capitale de faire reconnaître que l’infamie du féminicide touche également les corps des femmes de la mégalopole. À partir de ce constat, cette intervention interrogera la position dominante de la capitale dans l’« approvisionnement en signification » (Hannerz, 2010 : 113) de la problématique du féminicide, la construction collective de Juarez comme paradigme de la violence de genre et au contraire celle du centre comme refuge pour les femmes. Cette communication s’appuie sur les résultats qualitatifs d’une enquête de terrain menée à México auprès des actrices et acteurs des espaces de résistance contre le féminicide et appréhende les manières de faire société face à la violence extrême. Dans un premier temps, nous reviendrons sur le rôle historique joué par les espaces de résistance du centre du pays dans la visibilisation de la problématique frontalière du féminicide au niveau national au début des années 2000. Nous envisagerons ensuite comment les actions publiques ont utilisé le poids du « phénomène Juarez » dans l’imaginaire collectif et ont au final occulté la violence masculine dans le reste du pays et en particulier dans la capitale. Enfin, nous mettrons en lumière plusieurs problématiques illustrant l’existence de la violence féminicide à México, de la violence institutionnelle contre les femmes indigènes à la violence contre les femmes journalistes et les défenseures des droits humains.

– 15h30-16h15 discussion sur les 3 présentations, puis discussion générale
– 16h15 Fin de la journée

Vous pourriez également aimer...

Laisser un commentaire