Fascisations au présent

Journées d’Études de l’Association Française des Anthropologues, en collaboration avec le département d’anthropologie de l’université Lyon 2, EVS-CTT et LADEC
26-27 mai 2025 – Université Lumière Lyon 2


Appel à communications :

Les avancées des nationalismes, des identitarismes et de pratiques autoritaires du pouvoir posent aujourd’hui la question de la plausibilité de redéploiements fascistes ou fascisants à l’échelon global, et interrogent les dynamiques des rapports sociaux qui les accompagnent. L’Association Française des Anthropologues propose de se saisir de ce constat lors de ses Journées d’Études de juin 2025, et de réfléchir aux écarts et liens historiques entre fascismes établis et processus fascisants. L’appel invite au décentrement par rapport aux généalogies occidentales du fascisme et du nationalisme, et à une compréhension intégrée des configurations fascisantes dans le monde, à partir d’enquêtes de terrain sur les usages d’un nom, les ressorts d’une adhésion, et la banalisation de pratiques et d’idéologies étatiques.

Axe 1. “ Fascisme ” : circulations d’un signifiant

Le succès des extrêmes droites mondiales, sur fond de crise financière du capitalisme, semble redonner du crédit à la catégorie “ fascisme ”. Mais qu’impliquent la remise en circulation de ce mot parfois préfixé (néo- ou post-fascisme ; pré- ou proto-fascisme), et les revendications “ antifascistes ” qui s’y réfèrent inévitablement ? L’invoque-t-on pour signaler un air de famille entre le monde présent et les expériences du passé, ou afin d’écarter des définitions de la situation encore mouvantes ? Surtout, qui se revendique du “ fascisme ”, qui s’en défend, et qui l’utilise et/ou se l’approprie pour désigner l’autre ? Qui choisit enfin de l’éviter, et quelles catégories lui préfère-t-on alors ?

Cet axe est ouvert aux enquêtes sur la production et les usages du signifiant “ fascisme ” et de ses dérivés, mais aussi à la discussion sur l’élaboration d’alternatives sémantiques pour définir des horizons ou décrire les processus visés.

Axe 2. Mobilisations d’extrême droite et fabrique de l’adhésion

Les mobilisations d’extrême droite se distinguent d’autres projets politiques par des caractères à la fois familiers et variables, rendant difficile l’exercice nécessaire de comparaisons socio-anthropologiques. La mystification des appartenances et la palingénésie identitaire y occupent-elles toujours une place centrale ? La construction de mouvements de masse et l’appui de franges notables de la population restent-ils un horizon nécessaire de ces mobilisations, et comment articulent-ils des agendas identitaristes et nationalistes apparemment contradictoires du point de vue de leurs référents culturels ? Comment se recrutent les bases militantes ou les clientèles électorales ? Comment s’articulent enrôlement sexué, injustices reproductives et sexuelles, et masculinité hégémonique ? Que disent les velléités de légitimation populaire ou électorale dans la formulation d’une réponse aux crises du capitalisme et de la démocratie, désormais conjuguées à l’effondrement écologique global ?

Cet axe prend pour objet les modalités d’action et d’organisation des extrêmes droites contemporaines dans leur pluralité, et interroge les ressorts de la fabrique des formes d’adhésion populaire ou élitaire à leurs projets.

Axe 3. De l’accusation généralisée à la fascisation ordinaire

En-deçà de la prise de possession des appareils d’État, des agendas d’inspiration fasciste assumée ou démentie s’imposent, par passage de seuils dans la compétition politique et par des sauts qualitatifs dans les luttes idéologiques érigées en batailles culturelles. Les pratiques d’accusation, d’inversion de la charge et d’écrasement d’abord réservées aux populations minoritaires ou marginalisées, tendent-elles à s’imposer à des segments de plus en plus larges des sociétés ? La fascisation fonctionne-t-elle par une néantisation du pluralisme, un rétrécissement des possibles et de la pensée ? La banalisation de politiques nationalistes, autoritaires, identitaires, sécuritaires ou réactionnaires, et le resserrement de l’écart entre droites extrêmes et forces libérales, donnent-ils à voir l’existence d’une fascisation progressive et sans ralliement assumé ? Comment génère-t-elle de nouvelles formes de subjectivations politiques, d’esthétisation de la violence et de jouissances transgressives ? L’exacerbation des rivalités impériales signe-t-elle un “ tournant ” historique depuis la chute des régimes fascistes européens ? La parenthèse ouverte en 1945 ne fût-elle qu’un fantasme occidentalo-centré, le reste du monde subissant continûment les règles d’un État d’exception, qui refait irruption sur une scène centrale ?

Cet axe interroge la tension entre l’inertie des structures de domination et le renouvellement de leurs stratégies de reproduction. Il cherche à saisir des processus d’extrême-droitisation insidieux, sur une diversité de terrains.

Format des propositions de communication :
– Nom, prénom du/des auteur-e-s
– Fonction et institution de rattachement
– Adresse mail
– Titre de la communication
– Proposition de communication (300-500 mots espaces compris, hors bibliographie)

À envoyer au plus tard le 31 mars 2025 à l’adresse fascisations.afa@proton.me

Un texte de présentation des communications acceptées (5 pages environ), devra ensuite être envoyé avant le 14 mai 2025 pour permettre aux discutant-e-s de préparer les sessions.

Une publication est envisagée dans le Journal des anthropologues à l’issue des journées d’étude.
Calendrier

Date limite d’envoi des propositions : 31 mars 2025

Réponse : à partir du 14 avril 2025

Date limite d’envoi du texte de présentation des communications acceptées : 14 mai 2025

Comité d’Organisation :
Armand Aupiais (URMIS-Paris) ; Salomé Deboos (LADEC-Lyon2) ; Marie Hoffner (EVS-Lyon2) ; Gilles Raveneau (EVS-Lyon2)

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