La ville contemporaine entre deux eaux. Architecture, rapport au corps et pratiques récréatives : les nouveaux bains portuaires de Copenhague
Le jury était composé de :
- Michel Lussault, Professeur des universités, École Normale Supérieure de Lyon (examinateur)
- Martin Vanier, Professeur des universités, École d’Urbanisme de Paris (rapporteur)
- Marina Honta, Professeure des universités, Université de Bordeaux (examinatrice)
- Carola Hein, Professor, Delft University of Technology, UNESCO Chair (rapporteure)
- André Suchet, Maître de conférences HDR, Université de Bordeaux (directeur de thèse)
- J. Kent Fitzsimons, Maître de conférences, École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Bordeaux (co-directeur de thèse)
La soutenance était le Lundi 1er décembre à 14h, au Bâtiment SMART de la faculté des STAPS de Bordeaux (22 Avenue Jean Babin, 33600 Pessac).
Résumé de la thèse :
Depuis l’émergence de la ville récréative et le renouveau des pratiques corporelles urbaines, la baignade constitue à la fois un objet d’initiative politique et un champ de recherche renouvelé. Dans ce contexte, cette thèse analyse l’évolution du port de la capitale danoise depuis son ouverture à la baignade urbaine. Si celle-ci relevait d’abord d’une stratégie visant à transformer l’image de la ville en cité saine et désirable, le succès de cette pratique révèle, vingt ans plus tard, les tensions liées à l’appropriation de son espace portuaire. Le port se constitue désormais comme un continuum récréatif, traversé par des continuités et des ruptures issues des choix d’aménagement et des dynamiques habitantes, appelant à mobiliser la notion d’habiter à partir d’un cadrage théorique socio-géographique.
Cette recherche s’organise autour d’une tension fondatrice : Réciproquement, bains et baignade se répondent. Quand les premiers incarnent de nouveaux modes d’habiter la ville, la seconde interroge les formes actuelles et futures de régulation du port de Copenhague. S’appuyant sur une méthodologie interdisciplinaire combinant observation participante, méthodes visuelles, entretiens semi-directifs et analyse documentaire en langue étrangère, cette thèse articule une analyse architecturale des lieux de baignade avec l’étude des pratiques qui s’y déploient. Elle met en évidence la diversification des formes de quais face à la massification des usages : l’architecture devient un agent actif qui façonne rythmes, postures et ambiances, variant selon les publics et leurs motivations.
L’enquête s’organise en quatre axes : la saisonnalité d’un port habité, entre hiver des quotidiens et été des foules ; la spatialité, entre eau ouverte et eau fermée ; l’intégration urbaine, entre baignade planifiée et baignade appropriée ; et l’adaptation des règles du port comme réponse publique à la baignade informelle. La baignade urbaine s’inscrit dans un mode de vie nordique du corps actif et apparaît comme un révélateur de nouveaux modes d’habiter, structuré autour de l’entretien corporel, la sociabilité communautaire, et d’un rapport à la nature toutefois domestiqué.
Mais lorsque les baigneurs débordent des zones autorisées, ils génèrent des conflits d’usages brouillant la frontière entre espace public et espace privé. Ces tensions éclairent finalement les contradictions de la ville néolibérale : malgré l’ambition d’ouverture sociale, les bains portuaires tendent à devenir des espaces exclusifs, marqués par la proximité résidentielle et l’entre-soi socio-économique.
Mots-clefs : Ville portuaire – Baignade urbaine – Architecture – Habiter – Corps actif – Appropriation.
