Congrès 2013, Strasbourg

SEPTIEME CONGRÈS INTERNATIONAL DE LA SOCIÉTÉ DE SOCIOLOGIE DU SPORT DE LANGUE FRANÇAISE

« Comparer le sport. Usages et controverses »

UNIVERSITÉ DE STRASBOURG / UFR-STAPS

Maison Interuniversitaire des Sciences de l’Homme Alsace

Équipe de recherche « Sport et Sciences Sociales » (EA1342)

29, 30 et 31 mai 2013

Retrouvez l’ensemble des informations (appel à communication, programme, conférenciers, comités scientifique et d’organisation, photos et vidéos des conférences d’ouverture, et notamment celles de Loïc Wacquant et Didier Demazière) sur le site web du congrès.


Appel à communication

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Depuis la fin des années 1980, on assiste à un foisonnement d’études comparatives produites par des organismes internationaux (OCDE, UNESCO, OMS, Union européenne, Commission européenne, Conseil de l’Europe, …) qui nous porte à croire en la suprématie du comparatisme.
Plus les sociétés se mondialisent, plus elles ont recours aux études comparant des espaces, pays ou des aires culturelles différentes. La comparaison – ici internationale – contribue à mieux comprendre les effets respectifs du contexte politico-institutionnel (local, national ou européen) et des cultures des groupes sociaux sur le fait social étudié (par exemple, la sociabilité sportive, les inégalités d’accès au sport, la pratique sportive, l’engagement sportif, la gouvernance des organisations sportives, le travail sportif, …). En ce sens, la méthode comparative permet de rendre étrange l’évident par la confrontation avec les manières de penser et d’agir inhabituelles des uns, qui constituent pourtant l’ordinaire des autres. Ainsi, en sciences sociales du sport, cette démarche semble acquise à la fois comme mode de raisonnement et comme outil méthodologique de confrontation de temporalités et spatialités disparates. Elle encourage le chercheur à relativiser ses résultats par les contrastes mis au jour et à prendre davantage de distance par rapport à ses propres a priori culturels. En sciences sociales du sport, la comparaison consiste à rendre comparables des « unités » d’analyse profondément ancrées dans des histoires, catégories et langues nationales singulières. Or, le développement des recherches comparées contraste avec le peu de réflexion sur les conditions d’usage et d’élaboration de la comparaison.
Dans quelle mesure les politiques sportives des pays de l’Union Européenne, d’Afrique ou d’Amérique du Sud sont-elles comparables ? La comparaison des pratiques sportives issues d’exercices corporels et de jeux traditionnels (lutte, acrobatie, arts martiaux, jeux équestres, jeux taurins, etc.) dans différents espaces continentaux est-elle pertinente ? Dans quelle mesure des snowboarders et des skateurs sont-ils comparables ?
Peut-on comparer les valeurs assignées à l’entreprise et celles attribuées au sport ? La comparaison entre l’entraîneur d’un club sportif et le manager d’entreprise est-elle scientifiquement pertinente ? En outre, les études comparatives réalisées par les experts européens aboutissent souvent à la définition de « bonnes pratiques », notamment en matière d’éducation et d’intégration par le sport repérées dans les différents pays européens. Notion anglo-saxonne (best practices), elles recouvrent des pratiques, expériences ou dispositifs d’éducation ou d’intégration par le sport réussis dans un pays et susceptibles d’être transposés dans d’autres pays jugés moins performants. Mais, pour les spécialistes de la comparaison internationale, le transfert d’expériences est ambigu. Il repose sur l’illusion qu’il existerait des modèles d’éducation ou d’intégration par le sport que l’on pourrait exporter indifféremment dans d’autres contextes sociopolitiques, économiques et culturels. Peut-on ainsi comparer l’impact du sport dans le dialogue entre minorités en Bosnie-Herzégovine ou en Chine et entre jeunes Français issus de l’immigration dans l’Hexagone ? Quels types de comparaisons peut-on élaborer pour faire ressortir les effets latents de la circulation internationale des théories et modèles du lien social par le sport ?
L’analyse des activités physiques et sportives est souvent fondée sur un impensé conduisant à comparer « naturellement » des éléments d’une même catégorie (comme les sports collectifs par exemple) ou des éléments de catégories différentes mais supposés pouvoir être mis sur un même plan (comme le sport et la religion ou le sport et l’entreprise par exemple). Or, comparer, c’est d’abord déterminer le nombre d’unités à soumettre à la comparaison. C’est ensuite relever des différences et des points communs en fonction d’un critère qu’il convient d’expliciter et de définir au préalable, et qui oriente le regard du chercheur. Comparer, c’est enfin prendre conscience que ce qui fonctionne dans un contexte donné peut s’avérer inopérant dans une autre situation. Les recherches comparées en sciences sociales du sport révèlent la grande diversité des formes de comparaison, dans l’espace et dans le temps, à différentes échelles (infra-locale, régionale, nationale ou supranationale), entre différentes pratiques ou modalités de pratique. Enfin, la démarche comparative peut concerner des entités plus classiquement étudiées comme les hommes et les femmes, les groupes d’âges, les catégories sociales, les situations de pratique, etc.
Par sa situation tant géographique (région frontière au coeur de l’Europe) que scientifique (nombre d’unités de recherche en SHS explorant la comparaison internationale et l’européanisation), Strasbourg semble être un lieu particulièrement adapté au débat et à la controverse sur cette question dans le domaine des sciences sociales du sport. Le 7e Congrès de la 3SLF de Strasbourg se propose ainsi d’accueillir des communications portant sur des travaux ayant utilisé la démarche comparative appliquée à l’analyse des pratiques, politiques et organisations sportives et, de manière plus large, des pratiques corporelles. Il s’intéressera aux apports de cette démarche, aux résultats nouveaux qu’elle permet d’obtenir, aux difficultés rencontrées et à ses limites. Il permettra aussi de réfléchir aux questions épistémologiques et méthodologiques posées par la comparaison. Différents ateliers thématiques sont proposés (voir ci-dessous). Deux éminents sociologues ont d’ores et déjà
accepté d’introduire les travaux de ce congrès : Loïc WACQUANT, professeur à l’Université de Californie à Berkeley, et Didier DEMAZIERE, directeur de recherche au CNRS et président de l’Association Française de Sociologie.
Comme chaque année, la thématique donne le ton général du congrès, mais en tant que lieu d’échanges et de débats scientifiques, le congrès reste par définition ouvert à toute communication concernant les travaux les plus récents dans le domaine des sciences sociales prenant les activités physiques et sportives pour objet d’analyse (sociologie, anthropologie, science politique, économie, ethnologie, histoire, sciences de gestion, sciences de l’information et de la communication, science de l’éducation…). Les thématiques proposées sont suffisamment larges pour accueillir toute proposition. Toutefois, si certains souhaitent proposer une autre thématique, cela reste possible à condition de l’organiser de telle manière qu’au moins 4 propositions de communications y soient rassemblées.
Société savante de langue française, la 3SLF souhaite accueillir tous les chercheurs – et en particulier les doctorants – en sciences sociales du sport qui travaillent sur des terrains francophones ou qui analysent des terrains et des objets sportifs hors espace francophone mais à partir de la langue française.

Documents joints

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