Usages politiques de l’apolitisme sportif : entre institution partisane et institution municipale.
Une socio-histoire de la prise en charge des activités physiques et sportives par le Front national/Rassemblement national (1972-2022)
Lundi 3 juillet 2023 à 13h30 dans l’amphi S2 de l’UFR STAPS de l’Université Paris-Nanterre (Bâtiment Alice Milliat), 200 avenue de la République, 92000 Nanterre (RER A, Ligne L, parking).
Résumé de la thèse : En prenant appui sur l’abondante littérature des usages nationalistes du sport par différents régimes politiques et de l’élaboration de discours qui envisagent le sport comme support d’une banalisation du nationalisme, cette thèse s’intéresse à la manière dont sont pensées et qualifiées politiquement les activités physiques et sportives par le Front national/Rassemblement national, parti qui place la défense de la nation au cœur de son corpus idéologique, depuis 1972. Dans une perspective socio-historique, les analyses produites dans le cadre de ce travail interrogent les processus de politisation et de dépolitisation à l’œuvre dans la saisie d’enjeux sportifs par une institution partisane, en particulier ici le FN/RN. Comment des acteurs politiques, à différentes échelles, se positionnent-ils face aux normes tacites de l’apolitisme sportif qui contribuent à la diffusion de croyances faisant du sport un espace consensuel, irénique et apolitique ? La thèse qui sera défendue tout au long des chapitres tient à la difficile conciliation entre deux registres contradictoires, à savoir d’un côté une conformation à des pratiques, des représentations et des discours inhérents aux activités physiques et sportives largement partagés au sein du champ politique, et de l’autre une démarcation qui se caractérise par des entreprises de politisation et une remise en cause de la frontière entre espaces politique et sportif, autrement dit par une rupture du consensus de l’apolitisme sportif. Nous rendrons compte des usages différenciés de ces deux registres par de multiples acteurs, à des périodes et dans des lieux différents, en particulier dans la manière dont se conjuguent l’institution partisane et l’institution municipale dans la mise en œuvre des politiques sportives locales et dans la circulation des idées « sportives ». Outre la réalisation de deux monographies sur des villes dirigées par le FN/RN, l’objectivation de notre propos se fait à travers une analyse archivistique, une analyse de corpus d’articles de presse et la réalisation d’entretiens avec des cadres nationaux du parti, des élus locaux et des dirigeants associatifs sportifs (n = 81). Plus largement, si la thèse constitue une réflexion sur les enjeux de désignation d’une frontière entre espaces sportif et politique, l’entrée thématique par le sport, thème largement marginalisé en sociologie politique, apporte une contribution à la sociologie du FN/RN, plus largement des institutions partisanes, mais également à l’étude des processus de politisation et dépolitisation dont nous montrons qu’ils sont enchevêtrés. Celle-ci permet en outre de faire tenir ensemble des dimensions souvent appréhendées séparément dans l’étude des partis politiques : organisationnelle, idéelle, multiscalaire et sociographique.
Mots-clés : Front national – Rassemblement national – activités physiques et sportives – institution partisane – institution municipale – apolitisme sportif – politisation – dépolitisation
Jury :
- Stéphane Beaud, Professeur des Universités, Sciences Po Lille, CERAPS (Examinateur)
- Marion Fontaine, Professeure des Universités, Centre d’histoire de Sciences Po (Rapporteure)
- Julien Fretel, Professeur des Universités, Université Paris I Panthéon-Sorbonne, CESSP (Président)
- Marina Honta, Professeure des Universités, Université de Bordeaux, Centre Émile Durkheim (Rapporteure)
- Olivier Le Noé, Professeur des Universités, Université Paris-Nanterre, ISP (Directeur de thèse)
- Nonna Mayer, Directrice de recherche émérite, Centre d’études européennes et de politique comparée de Sciences Po (Examinatrice)