Que fait le sport pour l’intégration ?
Effets sous conditions des activités physiques, en quartiers prioritaires de la politique de la ville
Mercredi 20 décembre 2023
Composition du jury :
Dominique CHARRIER, maitre de conférence HDR à l’université Paris-Saclay (rapporteur)
William GASPARINI, professeur à l’université de Strasbourg (rapporteur)
Suzanne LABERGE, professeure à l’université de Montréal (rapporteure)
Williams NUYTENS, professeur à l’université d’Artois (examinateur)
Gilles VIEILLE-MARCHISET, professeure à l’université de Strasbourg (garant)
Résumé :
Les pratiques sportives sont fréquemment mobilisées pour servir des intentions éducatives et intégratrices. Depuis le tournant des années 1980, elles sont particulièrement présentes dans les dispositifs urbains d’animation, notamment dans les « secteurs considérés sensibles pour l’intégration sociale » (Augustin, 1996, 469). Le sport figure ainsi parmi les supports de choix pour l’« encadrement des classes populaires » (Mauger, 2001). On sait pourtant que les effets du sport n’ont rien de mécanique pouvant même être parfois contraires aux intentions annoncées (Gasparini & Vieille Marchiset, 2008). On en sait en revanche, toujours assez peu sur les conditions permettant d’expliquer l’apparition et la nature des effets observés en matière d’intégration. Il y a donc un double intérêt à renseigner cette question, à la fois scientifique et pratique.
Scientifique parce que l’on touche ici à la boite noire de l’intégration. Sa définition d’abord et les multiples formes qu’elle peut prendre (Safi, 2006). L’intégration apparaît ainsi comme un processus stratifié, « segmenté » (Portes & Zhou, 1993) et traduisant des rapports complexes de domination. Ses ressorts ensuite, qui puisent du côté de la socialisation, de la configuration de liens sociaux pluriels et de la « désirabilité sociale » (Blau, 1960). On comprend surtout, que les formes prises par l’intégration par le sport, dépendent des formes prises par l’intégration dans le sport elles-mêmes déterminées par les conditions matérielles de pratique, les contenus associés et évidemment, les caractéristiques des acteurs. Les activités physiques peuvent ainsi produire trois modèles d’intégration distincts : l’assimilation, l’intégration populaire assurée, et le déplacement des frontières culturelles (Alba & Nee, 1997).
En se démarquant ainsi d’une vision mécaniste des effets du sport, sont produites des connaissances pouvant alimenter les dispositifs sociosportifs en les rendant plus justes et efficients du point de vue des objectifs poursuivis. Cela contribue alors à la dimension pratique associée à notre questionnement.
C’est sur ces travaux orignaux, fondés sur plusieurs enquêtes combinant les techniques de recherche, que repose le second tome de ce manuscrit d’habilitation à diriger des recherches. Il fait suite à un premier volume consacré à la mise en récit synthétique de mon parcours, depuis les formations académiques, jusqu’aux activités de direction de recherches, en passant bien entendu, par la présentation des enquêtes successives. L’occasion de défendre une forme de cohérence dans la diversité des travaux menés et une posture inspirée de la « sociologie publique » (Burawoy, 2005).