Sous la direction d’Yvan Gastaut, Didier Rey et Philippe Tétart
Germain Ibron dit « Germain le Nègre », « Battling Youyou », Abdelkader Abbès, Panama Al Brown, Battling Siki, René Menrath, Tommy Bakou, Henri Soya, Boughéra El Ouafi, Jack Johnson alias Le Géant de Gavelston, Ali Neffati, Paul Hams, Bob-le-Noir… Ces noms et surnoms révèlent l’existence d’un vivier de boxeurs, de cyclistes, de lutteurs, de rugbymen dits de couleur dans la France des années 1860-1930. Ils sont alors connus et appréciés par les amateurs de sport. Mais ils n’ont pas marqué la mémoire collective. Parce qu’ils n’étaient pas blancs ? Ce livre tranche cette question en étudiant la construction médiatique de l’altérité à partir de l’analyse de plus de 20 000 articles dans la presse de l’époque. Il montre la polyphonie des discours sur ces sportifs et l’ambivalence de leurs représentations. Rien n’est réductible à une certaine doxa historiographique et journalistique affirmant que les sportifs issus des colonies ou de l’immigration ultramarine et afro-américaine ont été victimes, sans exception, d’un syndrome raciste, rejetés, lynchés par la presse. L’accueil qu’on leur est fait est bien plus nuancé : si la dimension « raciale » demeure, ce que nul ne peut nier, elle tend souvent à passer au second plan. Dans certains cas, elle s’efface même, et cohabite avec une admiration non feinte rebattant les cartes de notre perception de ces champions d’un autre temps. Une histoire complexe en somme, faisant revivre ces figures oubliées en évitant l’ornière de la caricature et des petites mythologies.