Sanitarisation de l ‘école et scolarisation de la santé. Socio ethnographie de la mise en oeuvre et de l’appropriation du programme « Bien manger et bouger dès l’école maternelle » en Haut-Garonne et en Ariège.
Emilie Gaborit
Soutenance le 12 novembre 2015 à 9h.
Lieu : Université Paul Sabatier, 118 route de Narbonne 31062 Toulouse Cedex 9, F2SMH, amphi staps.
Membres du jury
NEYRAND Gérard, Professeur, Université Toulouse III, co-directeur de thèse
HASCHAR-NOE Nadine, Maître de conférences, Université Toulouse III, co-directrice de thèse
POTVIN Louise, Professeure de médecine sociale et préventive, Université de Montréal
HONTA Marina, Professeure des universités, UFR STAPS, Université Bordeaux Segalen
DIASIO Nicoletta, Professeure de sociologie, faculté des Sciences Sociales, Strasbourg
RESUME
La nutrition tient aujourd’hui une place centrale dans l’espace de la santé publique. Considérée comme un déterminant majeur de l’état de santé des populations, elle est au coeur de programmes gouvernementaux, en particulier, des trois Programmes nationaux nutrition santé qui se sont succédé de 2001 à 2015. Ceux-ci axent leurs objectifs sur la prévention primaire, le dépistage et la prise en charge nutritionnelle précoce. Dans une visée compréhensive, ce travail de thèse analyse la mise en oeuvre d’un programme de prévention sanitaire à destination des jeunes enfants à travers le prisme de l’alimentation et de l’activité physique. Ce programme, intitulé Bien manger et bouger dès l’école maternelle est porté par une institution sanitaire, la CPAM. Il s’agit de comprendre comment ce programme s’implante dans d’autres institutions que sont l’école et la famille qui reposent sur des modèles éducatifs et des modes de socialisation plus ou moins éloignés des préoccupations sanitaires ou, tout du moins, les traitant différemment. L’entrée par la mise en oeuvre permet de s’interroger sur les conditions et les effets du rapprochement de ces deux mondes sociaux que sont l’école et la santé. Ainsi, au travers de l’exemple du programme nutritionnel que nous comparons dans deux départements, en Haute-Garonne et en Ariège, le processus de « sanitarisation » des mondes sociaux est questionné pour comprendre et analyser l’influence du niveau local sur l’action publique au travers des instruments et des savoirs mobilisés. Il s’agit aussi d’analyser la mise en oeuvre d’un dispositif d’éducation à la santé dans un contexte particulier, celui des écoles maternelles ayant un mode spécifique d’éducation et de saisir ainsi la « scolarisation » de la santé via les « metteurs en oeuvre » du programme. De plus, celui-ci s’adresse à des enfants dont les modes de socialisation familiaux et scolaires socialement différenciés influencent la compréhension et l’appropriation du programme et induisent une différenciation et des inégalités en termes de connaissances nutritionnelles. Ce travail qui s’inscrit à la croisée d’une sociologie de l’action publique et d’une sociologie de l’enfance et de l’éducation implique la mise en oeuvre d’une méthodologie de type ethnographique correspondant à une observation participante des modes d’intervention, complétée par des entretiens biographiques avec les « metteurs en oeuvre », les familles et les professionnels de la petite enfance (enseignants, ATSEM, etc.). Cette thèse vise à déconstruire dans un premier temps la représentation descendante de la santé publique en comparant le programme et ses variations sur deux départements et en donnant une place centrale aux acteurs et aux instruments d’action publique. Ainsi, la domination du monde sanitaire sur les autres mondes sociaux est nuancée ainsi que l’idée d’homomédicus par l’analyse des modalités de collaboration entre CPAM et école. Enfin, la place accordée à l’enfant dans le programme révèle des formes précoces de responsabilisation des individus à l’oeuvre allant jusqu’à lui attribuer un rôle de « missionnaire » au sein de la sphère familiale.
Mots clefs
sanitarisation, scolarisation, mise en oeuvre, prévention, acculturation, petite enfance, santé publique, inégalités sociales de santé