Cancers, corps et sciences sociales. L’activité physique comme révélateur de dynamiques plurielles

Cancers et APA : l’engagement des patients

mardi 2 avril 2024, de 12h30 à 14h en distanciel

Victor Poupard, doctorant au laboratoire CREN à Le Mans Université abordera « l’APA au rythme des fatigues »

L’engagement dans une « carrière de pratiquant d’APA » (Barth et Lefebvre, 2014) ne va pas de soi suite à l’annonce du cancer. Malgré les injonctions à rester actifs et des recommandations toujours plus spécifiques, les malades rapportent de nombreux effets secondaires entravant leur participation à des séances d’APA. La fatigue représente, à ce titre, le symptôme paradigmatique de l’expérience du cancer à partir duquel se structure la mise en œuvre de l’APA.  
Cette communication, résultat d’entretiens compréhensifs menés auprès de 44 malades, principalement des femmes atteintes d’un cancer du sein, vise à rendre compte de la complexité du phénomène de la fatigue liée au cancer tout au long du parcours de soin oncologique. En adoptant une approche mêlant la sociologie et la phénoménologie, nous explorerons les variations des sentiments de fatigue au gré des « temps du cancer » (Ménoret, 1999). Ce regard processuel ouvre des pistes pour envisager des modalités d’intervention spécifiques à chaque temporalité de la maladie.

Sabrine Hasnaoui, doctorante, Aurélie Van Hoye, maîtresse de conférences et Abdou Omorou, maître de conférences et praticien hospitalier en santé publique, à l’UMR INSPIIRE de l’Université de Lorraine, nous parleront des « freins et barrières associés à la pratique d’activité physique des patients atteints de cancer en situation interventionnelle : le cas d’un programme d’escrime adaptée »

Malgré des preuves solides démontrant les bienfaits de l’activité physique (AP) sur les effets secondaires du cancer et des traitements associés, la faible observance de la pratique des patients reste à l’heure actuelle un problème important. Les programmes d’AP adaptée (APA) ont montré des résultats prometteurs, mais leurs conditions de mise en œuvre, d’efficacité et de maintien ne sont pas claires. Comprendre quels facilitateurs et quelles barrières influencent l’engagement des participants dans la pratique d’APA et son maintien, représente une première étape vers le développement de ce type d’interventions ciblées.
– Un essai pilote randomisé a évalué par méthodes mixtes convergentes la mise en œuvre d’un programme d’escrime adaptée destiné aux patientes opérées d’un cancer du sein (RIPOSTE), en utilisant le cadre RE-AIM (Reach, Effectiveness, Adoption, Implementation and Maintenance). Les résultats ont démontré que RIPOSTE était un programme acceptable et potentiellement efficace pour optimiser l’engagement des patients dans l’AP, qui doit être testé à plus grande échelle mais qui a le potentiel d’être transféré et déployé mondialement.
– En complément, une étude qualitative a été menée auprès de 10 participantes du programme RIPOSTE pour explorer les déterminants (facilitateurs et barrières) associés à leur comportement d’APA, sur la base du cadre des domaines théoriques examinant les mécanismes de changement de comportement. L’analyse a offert une compréhension détaillée de la complexité des déterminants de la pratique d’APA des patientes, et pourrait guider la sélection des facteurs modifiables ainsi que la conception de stratégies ciblées de promotion de l’APA.
Nos données ont fourni une base théorique utile pour éclairer la conception d’interventions visant à améliorer les niveaux d’APA des patients atteints de cancer, en tenant compte de leurs préférences et de leur vécu, et faciliter le transfert d’un programme de recherche à une pratique quotidienne de terrain.  

Inscription pour le séminaire via le formulaire d’inscription.

Cette séance fait partie d’un cycle de séminaires, intitulé « Cancers, corps et sciences sociales. L’activité physique comme révélateur de dynamiques plurielles ».

Il est à l’initiative de Sandrine Knobé (Laboratoire Sport et sciences sociales ; E3S) et de Claire Perrin (Laboratoire sur les vulnérabilités et l’innovation dans le sport ; L-ViS) en collaboration avec Charlotte Bruneau (L-ViS) et Mélanie Wullens (E3S) et en partenariat avec l’Institut ReCAPPS.

Il est soutenu par la MSH Lyon St-Etienne (axe Santé et société) et la Misha de Strasbourg, en lien avec la thématique Sports & sociétés du Réseau national des MSH.

Plus d’informations : https://e3s.unistra.fr/programmes/seminaires-cancers-corps-et-sciences-sociales

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