Dossier « Sport and migrations in the global (dis)order » in Sudi Emigrazione -International Journal of Migration Studies- 2016
A la différence d’autres pays européens (la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne par exemple), l’immigration en Italie est un phénomène relativement récent. Il faut dire que l’Italie a une histoire particulière en matière d’immigration, celle des migrations internes et externes, à savoir les mouvements de population qui ont vu les Italiens quitter le Sud pour migrer au Nord de la péninsule, ou bien quitter leur pays pour trouver du travail en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique du Sud, en Australie… De 1970 à nos jours, ce pays est néanmoins passé d’une présence négligeable d’immigrés (quelques centaines) à près de 7 % de la population, avec un ordre de grandeur de 4 millions d’immigrés extra-communautaires. L’importance et le caractère récent des flux d’immigration –notamment avec les réfugiés- font de l’Italie un cas particulier dans le contexte européen. Ainsi, à la différence de la France, la sociologie et l’histoire de l’immigration sont des disciplines récentes, notamment s’agissant d’étudier plus spécifiquement le lien entre le sport et l’immigration. Ainsi, jusqu’à présent, les sociologues du sport ont plutôt traité des parcours de sportifs d’origine italienne installés dans les pays d’accueil que de « l’intégration par le sport » d’étrangers en Italie. C’est dans ce contexte que la revue internationale italienne Studi Emigrazione/Migration Studies publie pour la première fois un dossier sur le thème « Sport et migrations ». A travers des objets d’étude originaux (la question de la migration des talents sportifs dans le sport spectacle, l’identification des nouveaux migrants à l’équipe nationale italienne, ..) mais également des terrains plus « classiques » (les immigrés italiens et le sport en Argentine, les réseaux associatifs immigrés dans les pays d’installation, les paradoxes de l’intégration par le sport en France…), ce dossier renouvelle l’analyse du fait migratoire vu par le prisme du sport tout en permettant la comparaison internationale. Les contributions proposées dans ce dossier dépassent ainsi de loin le seul lien entre le sport et l’immigration, lequel fait ici figure d’analyseur de processus socio-politiques bien plus larges et mondialisés.