Adrien SONNET (thèse décembre 2020), Université de Bordeaux

Des villes en quête de capacité politique. Permanences et recompositions du gouvernement municipal du thermalisme. Une analyse comparée Dax (Nouvelle-Aquitaine) – Bagnoles de l’Orne (Normandie)

Mardi 8 décembre 2020

Le jury était composé de :
Olivier Le Noé, Professeur des Universités, Université Paris Nanterre, Rapporteur.
Romain Pasquier, Directeur de recherches au CNRS, Sciences Po Rennes, Rapporteur.
Cécile Vigour, Directrice de recherches au CNRS, Sciences Po Bordeaux, Examinatrice.
Michel Koebel, Professeur des Universités, Université de Strasbourg, Président.
Marina Honta, Professeure des Universités, Université de Bordeaux, Directrice.
Ludovic Lestrelin, Maître de conférences, Université de Caen Normandie, Co-encadrant.


Résumé
Depuis le XIXe siècle, les villes thermales sont exposées à de nombreuses transformations, tour à tour identifiées comme des « territoires sanitaires et touristiques » accueillant la haute société dans une logique de distinction, puis comme des « territoires de santé » associés à une clientèle âgée et souffrante en quête de soins. Leur histoire est faite d’une succession de longues phases de croissance sanctionnées par d’importantes crises. Quels sont les effets produits par de telles périodes d’incertitude et d’instabilité ? S’accompagnent-elles d’une redéfinition de l’offre et de l’image des villes thermales et, le cas échéant, dans quelle mesure ? Est-ce alors l’évolution des rapports de force entre les groupes d’acteurs engagés dans leur gouvernement, issus des mondes politique, économique et médical, qui expliquent d’éventuels changements ? Qu’en est-il du rôle joué par l’État ? Influence-t-il la gestion et/ou la régulation de ces territoires ?
Pour répondre à ces questions, cette thèse s’inscrit dans le prolongement des travaux qui étudient les enjeux complexes de coordination entre État et acteurs locaux dans la gestion des villes (Worms, 1966 ; Crozier, Thoenig, 1975 ; Lorrain, 1989, 1991, 1993 ; Duran, Thoenig, 1996 ; Epstein, 2005, 2015). Elle prolonge aussi ceux portant sur les régimes urbains en ce qu’ils sont attentifs aux problématiques de l’économie politique et questionnent la capacité d’action collective des acteurs locaux (Stone, 1989, 1993 ; Dormois, 2006, 2008 ; Pinson, 2010 ; Pasquier, 2017).
L’analyse comparée et socio-historique des formes prises par le gouvernement municipal du thermalisme (Borraz, 1998, 2000) à Dax (Nouvelle-Aquitaine) et Bagnoles de l’Orne (Normandie) a permis de saisir ces processus. La construction et l’approfondissement de la capacité politique des villes thermales sont ainsi appréhendés au prisme des relations établies entre divers groupes d’acteurs (politiques, institutionnels et économiques) en commençant par interroger l’influence changeante de l’État. Depuis l’avènement du thermalisme contemporain à la fin du XVIIIe siècle, celle-ci s’avère, en effet, essentielle. Elle structure les relations entre acteurs à l’échelle locale, détermine plus ou moins la capacité politique des villes et pèse, ce faisant, sur l’évolution de leur activité économique et de leur identité. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, c’est ainsi un thermalisme social qui s’impose, placé sous dépendance de la prise en charge des cures par l’Assurance maladie. Mais la remise en question par l’État de son investissement dans le modèle économique du thermalisme français au cours des années 1990, conjuguée à son retrait plus général de la gestion des territoires initié dans la décennie précédente, plonge les villes thermales dans une crise profonde et durable. Interrogeant l’émergence et la structuration de capacités politiques territoriales nécessaires à la relance de l’économie, l’analyse se porte alors sur la création de coalitions d’acteurs, les mécanismes d’intégration censés les stabiliser, ainsi que sur les luttes, alliances et autres rapports de pouvoir issus de la co-construction du bien commun territorial en matière de thermalisme.
Mots clés : Villes thermales – Gouvernement municipal – Gouvernement à distance – Capacité politique – Coalitions d’acteurs – Bien commun territorial – Marketing territorial

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