Performances esthétiques. Socialisation et évaluation des corps en twirling bâton et en gymnastique rythmique
Vendredi 8 décembre 2023
Jury :
Muriel DARMON, Directrice de Recherche au CNRS – Rapportrice
Sébastien FLEURIEL, Professeur des Universités à Nantes Université – Rapporteur
Oumaya HIDRI NEYS, Professeure des Universités à l’Université d’Artois – Examinatrice
Aurélia MARDON, Maitresse de Conférences HDR à l’Université de Lille – Directrice de thèse
Sophie ORANGE, Professeure des Universités à Nantes Université – Examinatrice
Manuel SCHOTTE, Professeur des Universités à l’Université de Lille – Directeur de thèse
Résumé :
Alors qu’ils demeurent des foyers importants de la pratique des femmes, les sports à vocation esthétique font l’objet de très peu d’enquêtes en sociologie. Leur intérêt réside dans le fait qu’ils se distinguent des activités sportives « ordinaires », en ce qu’ils entretiennent une proximité forte avec les pratiques culturelles et artistiques (Mennesson et Julhe, 2012). Ce faisant, l’apparence physique constitue une dimension centrale du processus de socialisation engagé par ces pratiquant·es et des évaluations formulées par les juges de ces disciplines. Ainsi, la thèse se centre sur la question des « possibles corporels » (Schotté, 2016) offerts aux pratiquant·es ainsi qu’aux juges, qui s’expriment via leur notation des performances.
Menée sur deux terrains sportifs, à savoir le twirling bâton et la gymnastique rythmique, qui entretiennent une proximité forte sur les plans moteur et réglementaire, l’enquête ethnographique met au jour des configurations différenciées des modèles de genre (Connell et Messershmidt, 2015) promus au sein des deux disciplines, qui s’expliquent à la fois par un décalage dans leur recrutement social et sexué et dans leur degré d’institutionnalisation. Si certain·es entraîneur·es et juges tentent de s’affranchir des normes esthétiques et de genre en vigueur dans ces espaces, elles et ils ne parviennent finalement jamais à renverser l’ordre de genre hétérosexuel établi. Dès lors, ce travail permet de mettre au jour « les habits neufs de la domination masculine » (De Singly, 1993) dans des espaces historiquement appréhendés comme des voies d’empowerment pour les femmes.